Le Jargon libre
<strong>Où :</strong> Au 32 rue Henri Chevreau, dans le 20e – « une rue historique, qui appartenait à la coopérative de la Bellevilloise, où la Fédération communiste anarchiste a eu son premier siège, et où Maurice Thorez organisait ses réunions politiques, au café-théâtre Le Popul'Air, juste en face », détaille la tenancière Helyette Bess.
<strong>Quoi :</strong> Une bibliothèque, plutôt qu'une librairie : si Helyette vend quelques livres offerts par « des copains » deux fois par an, pour payer le loyer, le gros du local est rempli de livres à consulter sur place. « Les trois quarts, tu ne les trouveras pas ailleurs. Ce sont beaucoup de vieux livres tirés de ma bibliothèque, et comme j'ai 84 ans... » Mai 68, situationnisme, lutte armée, colonialisme, poètes engagés, sans oublier l'ensemble des courants de la gauche de la gauche : les références sont aussi diverses que pointues.
<strong>Le proprio :</strong> Un avocat, qui loue le local à l'association Le Jargon Libre, créée en 1974 par Helyette Beysse. Proche d’Action Directe, cette figure de la gauche radicale, passa 5 ans en prison pour association de malfaiteurs, détention d'explosifs, d'armes et de munitions.
<strong>La clientèle :</strong> « Des copains ». Mais aussi des curieux du quartier, et « des étudiants qui viennent faire leur thèse ou leur mémoire », ravis de trouver des archives rares. Leurs sujets de recherche ? « Action Directe, évidemment. Mais aussi les enlèvements politiques en France, les infiltrés dans les milieux autonomes... »
<strong>Le courant :</strong> Libertaire, communiste, mais aussi autonome : « C'est-à -dire des anar', mais avec une conception plus marxiste, détaille Helyette. Et avec tout ça, on s'entend très bien, même si bien sûr on s'engueule parfois. »