L’AMI, l’asso qui accompagne les rappeurs depuis 30 ans
Trente ans que l’association AMI, à la Friche de la Belle de mai, organise des événements, met à disposition des studios de répétitions et accompagne les rappeurs débutants et confirmés.
Marseille, La Friche, le 12 avril - « Je voulais remercier l’A.M.I sans qui tout cela ne serait possible », conclut MC Sirop, chemise à fleurs en wax et veston cintré, à la fin de son set. Avec ce showcase, il signe ses débuts sur scène mais aussi la fin de sa résidence dans les locaux de la Friche Belle de mai. C’est grâce à l’accompagnement professionnel de l’AMI qu’il a pu peaufiner sa présence scénique.
L’AMI, aide aux musiques innovatrices, est une association qui accompagne les rappeurs depuis près de 30 ans.
Elle a été fondée en 1985 par Ferdinand Richard, bassiste et compositeur français et s’est implantée à la Friche de la Belle de mai en 1991. Concrètement, l’AMI met à disposition six studios de répétitions, pour des temps de résidence d’une semaine à un mois, dans lesquels des grands noms du rap marseillais ont fait leurs débuts.
« On ne tenait même pas debout. »
Pour Julien Valnet, auteur de MARS (Ed. WildProject, 2014), le premier livre dédié à l’histoire du rap marseillais, il est clair que la Friche Belle de Mai, par le biais de l’AMI, est un lieu emblématique du rap : « Elle l’a été dans les années 90, notamment avec la résidence permanente d’IAM de 91 à 96, et le redevient depuis quelques années » - depuis la reprise du festival logique Hip Hop, sous le nom de Village Hip Hop, organisé par l’AMI, en 2011. Imhotep se rappelle, en souriant, de leurs premières années : « Le premier local qu'on a eu était à la Friche, au début ils nous ont mis à la cave, elle était tellement basse que je ne pouvais pas tenir debout dedans, et Akhenaton a travaillé assis pendant les deux ans ou on y bossait... »
Tout au long de ces années, des ateliers étaient animés par des rappeurs connus comme Mc Solaar, Shurik’n ou Akhenaton. Keny Arkana, par exemple, est passée par un atelier d’écriture de la Friche. Plus récemment, Dj Djel, Deluxe ou encore Under Kontrol sont passés dans ces studios. « Je pense qu’on est une des deux seules structures à Marseille qui est d’un côté en lien avec l’institution culturelle et sociale et de l’autre côté, en capacité de parler avec la communauté hip-hop », affirme Julien.
« Il y a de grosses lacunes dans l’éducation culturelle»
« J’ai cru que t’avais sorti Shazam là », rigole Imhotep, au cours d’un blind test lors d’une masterclass de beat-making organisée dans le cadre du tout nouveau festival Hip Hop Society - organisé par l’AMI et radio grenouille. « Je suis bluffé », continue-t-il face aux connaissances des participants, venus pour enrichir leurs connaissances.
Posés dans une petite salle, au sous-sol de la Friche, une quinzaine de personnes écoutent Imhotep raconter l’histoire derrière chaque sample. « Il y a de grosses lacunes dans l’éducation culturelle de nos jours, une grosse partie n’est pas enseigné par l’éducation nationale et le hip-hop en fait partie. »
« On se rend compte qu’on peut s’en sortir »
De l’atelier d’initiation à la structuration pro, il existe toute une palette d’aides proposées par l’asso afin qu’amateurs et professionnels puissent y trouver leur compte. « Heureusement qu’il y a des initiatives comme ça », s’exclame Dorian, membre du groupe de rap marseillais LADJA, en résidence à la Friche et en route pour sortir leur premier album. « Ça permet de donner un cadre. Dans ce milieu, on se dit qu’il y a d’un côté les grosses industries et de l’autre les galériens. L’A.M.I permet un juste milieu, les répétitions en studio sont vraiment pas chères, 50€ la semaine, en même temps, on peut se faire un réseau. En bref, on se rend compte, qu’en étant déterminés, on peut s’en sortir. »
Adresse
41 rue Jobin 13003, Marseille
Horaires
Du lundi au vendredi de 9h30 à 19h
Sur le web
http://www.amicentre.biz